• « Karma-Bhakti-Jnâna-Râja » (Partie 34) (Action, Travail, Amour, Prière, Dévotion, Connaissance)

    Voici les bonnes actions et voici les mauvaises,

    Place-moi au-dessus d’elles, je ne les veux pas,

    Accorde-moi seulement d’avoir un PUR AMOUR.

     

    « Karma-Bhakti-Jnâna-Râja » (Partie 34) (Action, Travail, Amour, Prière, Dévotion, Connaissance)

     

    III

    Voici les bonnes actions et voici les mauvaises,

    Place-moi au-dessus d’elles, je ne les veux pas,

    Accorde-moi seulement d’avoir un PUR AMOUR.

     

    La cellule communiste.

    Réunion chez un ouvrier, en 1942.

    D’abord Guy seul. Il installe des chaises autour d’une table. On sonne. Entre Denis.

     

    Denis : Bonjour camarade !

    Guy : Salut ! Comment ça va ?

    Denis : (air préoccupé) Il est difficile de savoir ce qui se passe exactement sur le terrain, depuis que Staline et les Russes sont entrés en guerre. La partie est loin d’être gagnée à Stalingrad. Depuis Montoire, les Vichystes sont entrés en pleine collaboration avec Hitler.

    Guy : Mais plus près de nous, que penses-tu de la situation dans la boîte ?

    Denis : (plus animé) Les gars attendent des directives et ont besoin plus que jamais de leur parti communiste. Beaucoup sont dans l’expectative et ne savent que penser et que faire. A cela s’ajoute le fait que le peuple manque de tout. Tout est rare. Beaucoup ont de la famille, un frère ou un père, prisonnier de guerre en Allemagne. Il faudrait réveiller les énergies.

    (Entrent l’un après l’autre Raoul, Maurice, Pierre et Claude. Ils s’installent.)

    Guy : Salut !

    Tous : Salut !

    Pierre : Il n’est pas là ?

    Guy : Non. Espérons qu’il ne lui est rien arrivé. On ne sait jamais avec les temps qui courent…

    (Entre Thierry. Chaleureuses poignées de main.)

    Guy : Bon. Nous pouvons commencer, tout le monde étant là. J’attire votre attention sur cela : il faudra faire preuve d’un peu plus de ponctualité, la prochaine fois, et arriver à l’heure. C’est important. Si on ne fait pas attention aux petites choses, qui pourra avoir confiance en nous dans les grandes choses que nous voulons réaliser ?

    (Tous opinent du chef. Guy poursuit :)

    Voici donc l’ordre du jour.

    (Raoul sort de sa poche un bloc note et un crayon. Il les pose sur la table.)

    Pas de notes manuscrites, par prudence, camarade. Elles pourraient tomber dans les pattes de l’ennemi. Il faudra faire fonctionner vos méninges.

    Le premier point de l’ordre du jour, c’est la situation internationale et nationale présentée par notre chef…

    (Guy se tourne vers Thierry, qui approuve.)

    …puis en second lieu, l’exposé de la situation à l’atelier du chemin de fer par Denis, et plus généralement sur la ville de Metz. Suivra un débat pour résoudre le problème suivant : que faire, quel sera à l’avenir, notre plan de travail ?

    L’heure est grave, et il est légitime d’attendre beaucoup de nous autres, communistes. Gageons qu’il faudra faire face à des sacrifices, pouvant aller jusqu’au sacrifice de notre vie et de la vie de ceux qui nous sont chers. Faisons face.

    Thierry : Camarades, voici ce que m’a chargé de vous déclarer le Centre. Au niveau international, il s’agit d’une lutte contre le fascisme, une lutte à mort entre la démocratie et le fascisme. Partout, la cible à abattre, c’est le fascisme. Les camarades chinois, sur leur sol, luttent déjà depuis 1937 contre cette gangrène, cette vermine, le fascisme japonais. En Europe, les communistes allemands et italiens sont aux avant-postes. Les fascistes, eux, ne s’y trompent pas, qui ont choisi comme cible tout ce qui est tant soit peu rouge. En France, il faut abattre les fascistes de l’Axe et leurs alliés, en particulier les boches. Il faut unir contre ceux-là tous ceux qui veulent participer à cette lutte pour la démocratie, sans distinction de classe, d’idéologie, de religion. Le temps n’est plus aux vaines paroles et aux conciliabules, mais à l’action directe, et nous devons être, nous autres les communistes, à l’avant-garde de cette lutte. Tous les soldats boches tués, tous les collaborateurs éliminés, c’est un pas vers la victoire finale, et un soutien à la lutte des peuples allemands, russes et chinois, et des peuples du monde.

    Que signifie cela sur le plan intérieur ? Qu’attend de nous cette situation nouvelle ?

    Camarades, c’est d’une guerre populaire dont il s’agit, et chacun de nous, quel que soit sa place, doit se considérer comme un soldat du peuple. Il faut réorganiser le Parti en fonction de cette ligne et mettre en œuvre une discipline de fer. Comme le soulignait le camarade Guy, la tâche sera difficile, notre route semée d’embûches, mais cela ne doit pas nous faire peur. D’ailleurs, la résistance est la seule voie possible permettant la survie du peuple français. Il n’y en a pas d’autre. Voilà ce que le comité central attend de vous.

    Vous autres, ouvriers cheminots, avez un rôle essentiel à jouer dans cette lutte longue et dure. Ailleurs, des camarades sont déjà à l’œuvre. Il faut organiser le sabotage de la production à l’atelier S.N.C.F. de Montigny, et détruire les télécommunications, faire sauter les voies ferrées et les ponts, désorganiser au maximum les arrières de l’ennemi. Pour cela, il faut trouver des armes partout où cela est possible, en prendre à l’ennemi.

    Notre Parti met actuellement en place un appareil militaire qui sera constitué de ses meilleurs éléments, les plus sûrs, les mieux entraînés. Il faudra renseigner cet appareil : dépôts de munitions, armes, transports de troupes, de prisonniers, terrains d’aviation…

    Vous êtes des agents de renseignement, vous devez laisser traîner vos oreilles et vos yeux partout où cela est possible.

    Si vous vous sentez incapable d’entreprendre ce travail, dites-le maintenant. Il n’est pas trop tard. Vous pourrez quitter nos rangs, sans haine, à la suite de cette réunion. Car pour ceux qui resteront, l’ennemi ne fera aucun cadeau : ce sera au mieux, en cas de capture, un camp de prisonniers et d’extermination en Allemagne et au pire la mort pour terrorisme, comme franc-tireur et agent de renseignement. Pour ceux qui resteront, le maître mot sera, plus que jamais : prudence, prudence, prudence, l’anonymat, car vos activités seront couvertes d’un silence d’outre-tombe. Vous devez utiliser un pseudonyme et on doit ignorer tout de votre véritable nom et de votre existence. La répression n’a que trop sévie dans nos rangs et nous avons déjà, faute d’expérience, perdu un nombre considérable de camarades. A parti d’aujourd’hui, dorénavant, plus jamais de réunions chez un camarade, où nous nous trouvons nombreux. C’est important…

    Guy : Ma femme fait le gué, et en cas d’alerte, nous pouvons nous échapper par le jardin, par la porte de derrière. Il est possible, par ce chemin, de parcourir deux kilomètres et d’accéder hors de la ville, en pleine campagne…

    Thierry : C’est insuffisant. Dorénavant, vous serez organisés en triangles : trois camarades, pas plus, formeront un triangle de base. Ce triangle aura un chef. Les chefs de deux triangles ainsi formés constitueront avec moi un triangle de second niveau, et recevront des directives. Vous devez oublier absolument qui sont les autres camarades ne faisant pas partie de votre triangle, et ignorer leurs activités. En cas d’activités centralisées, vous recevrez des directives particulières.

    J’espère bien m’être fait comprendre : à l’heure actuelle, ce qui prime, c’est l’action militaire directe. Tout le reste doit être soumis à l’action militaire. Mais il ne faut pas oublier les autres aspects de votre travail militant : la propagande et le recrutement. Sans cet aspect secondaire, pas d’action militaire efficace.

     

     

    « LE PERE DUCHESNE -- NUMERO DEUX -- SEPTEMBRE 2017 (Partie 5) « Karma-Bhakti-Jnâna-Râja » (Partie 35) (Action, Travail, Amour, Prière, Dévotion, Connaissance) »
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